J’ai décider de me remettre à poster des vidéos. Pour cette vidéo de reprise, j’ai choisi de vous partager un extrait de mon livre mis en suspend pour l’instant.
Ci-dessous l’audio-lecture du chapitre en question. Et pour ceux qui préfèrent lire, vous trouverez plus bas une retranscription du chapitre.
Ayah :
آيَٰت
En effet le terme arabe « Ayah » et souvent très mal compris. L’étymologie du mot est à rapprocher du mot latin « signum » qui signifie : « signe, indication, marque, preuve où image ». Ce qui colle plutôt bien avec le mot « Ayah ». Ainsi la traduction du terme « Ayah » par verset, peut se comprendre comme s’agissant d’une « consigne ». « Signum » dont découlent aussi le terme « insigne » qui signifie « marque distinctive ».
Plusieurs sourates du Coran démarrent par des lettres que l’on appelle « Initiales coraniques » et qui sont désignés par le Coran lui-même comme étant des « Ayah » . En effet, les lettres ne sont rien d’autre que des signes où symboles gravés* sur un support afin de représenter des éléments de compréhension et de nous livrer des instructions.
(* kataba=gravé, nous revendrons sur ce terme dans un autre chapitre)
Le terme « Ayah » (ou encore « Ayata ») a d’ailleurs probablement une relation phonétique avec le terme grecque « Iota » qui est la plus petite lettre de l’alphabet grecque. Ainsi l’expression « ne dévie pas d’un iota » signifierait « ne dévie pas ne serait ce que de la plus petite lettre de l’écriture« , car chaque lettre aussi petite soit-elle, joue un rôle déterminant dans la compréhension du sens. C’est ce même concept qui est véhiculé au début des sourates paraphées et qui met en évidence les lettres et le rôle capital qu’elles jouent.
Pour récapituler, les « Ayah » sont des signes visibles porteurs de sens et d’information qu’il faudra déchiffrer. C’est aussi pour cela que ce terme se traduit aussi par « miracle » : une manifestation visuelle incompréhensible à la base mais porteuse d’informations suffisantes qu’il nous faudra décoder. Le même processus se produit lors de la lecture : les lettres disposées devant nous sont incompréhensibles à la base sans la possession de clés de déchiffrage. C’est seulement une fois que que nous disposons de certaines informations permettant le déchiffrage que nous pouvons lire et comprendre un texte. Les lettres jadis complètement abstraites deviennent alors porteuses de suffisamment de sens qui une fois correctement alignées donnent des mots, puis des phrases que nous décodons ou interprétons.
Prenons maintenant l’exemple du français et des lettres « A » et « N ». Ces lettres isolées, n’ont pas spécialement de sens (bien qu’elles aient un sens originelles propre à chacune). Toutefois, ces mêmes lettres alignées dans le bon ordre nous donnent une indication temporelle correspondant à « une année » (an). Si maintenant si à ces deux lettres nous rajoutons la lettre « E », alors nous avons une indication supplémentaire qui nous permet d’interpréter le mot comme étant un animal (âne).
En arabe c’est à peu près la même chose, si ce n’est que le sens des lettres s’organise un un peu différemment. Généralement deux lettres côte à côte forme une racine étymologique que l’on appelle « Etymon ». Ensuite, viennent s’ajouter à ce radical d’autres lettres en « préfixe », « suffixe » ou « infixe » qui en change légèrement le sens où bien lui apporte une précision. Ceci nous donne alors une racine étymologique de trois lettres qui est celle généralement utilisé dans les dictionnaires arabes classiques. Enfin, s’ajoutent à ceci des règles de grammaire qui comme en français consistent à nouveau en l’ajout d’une lettre ou d’un groupe de lettres en « préfixe », « suffixe » ou « infixe », afin de construire de nouveaux mots ou des verbes conjugués.
Afin de mieux comprendre, sachez que nous avons à peu près la même chose dans les langues latine. Considérons pour l’exemple la racine indo-européenne « hende » qui signifie « tenir, saisir, prendre, etc… » et qui en anglais a donner « hand » (la main). En français cette racine s’est développée en deux mots proches « apréhender » et « apprendre » qui on un sens commun mais pourtant spécifient deux actions différentes. Les deux mots se composent pourtant de la même manière à partir du radical « hende » précédés de deux préfixes accolés. Tout d’abord le préfixe « prae » qui signifie « avant, devant » lui même précédé du préfixe « a ». Ces deux préfixes contractés en un seul préfixe qui donne « app-« ajoute la signification de : « rapprocher de soi » ou « s’approprier ». Les deux mots signifient donc à la base saisir une chose et se l’approprier ou l’approcher de soi, mais dans l’usage et par la modification interne du radical, l’un est resté dans un sens plus physique et l’autre plus intellectuelle. Et au final ce sont deux mots à parts entières avec leurs propres spécificités.
Et bien, nous avons le même principe en arabe. Le challenge va donc être de se mettre d’accord sur le sens des mots, et surtout des mots clés qui vont conditionner notre foi (confiance au divin puis en nous-même et aux autres) et donc toute notre vie de croyant.
Vous comprenez maintenant pourquoi avant même de parler de Dieu ou de quoi que ce soit, il était important de se mettre d’accord sur les éléments qui vont conditionner notre communication. Il est très courant de voir deux personnes ou groupes de personnes souligner les mêmes évidences de départ et pourtant ne pas s’entendre tout au long le leur dialogue. C’est dû à cette barrière de la langue et de la communication qu’il faudra garder à l’esprit tout au long de notre réflexion. J’aurai beau essayer de vous transmettre une information ou une idée, vous ne la comprendrait probablement jamais à cent pour cent telle que j’ai souhaité vous la transmettre. Toutefois en nous entendant sur la base de notre communication, nous tacherons de nous rapprocher du mieux que nous le pourrons du sens profond des « ayah » du Livre Source.
De même qu’entre croyants nous pourrions aisément être d’accord sur le fait que Dieu est l’élément le plus important, nous serions en tord de tenter d’en parler si déja à la base et dans le fond nous n’avons pas la même définition de ce mot. Par exemple, pour certaines personnes, Dieu est capable de faire du mal ou de permettre ou promouvoir le mal sous certaines conditions. Et même s’ils ne vous l’admettrons pas directement en ces termes là, c’est pourtant bel et bien ce qui transpire de leurs dogmes ou paradigmes et qui ressortirait assez rapidement d’une discussion orientée sur le sujet avec eux.
Il nous faut donc impérativement clarifier au préalable le sens des mots, avant même de chercher à approfondir des idées, afin de savoir ce qui est entendu de ces mots par les uns et par les autres. Ce qui inévitablement nous invite à une analyse approfondie des termes employés dans le coran. Ces termes sont définissables selon moi en repérant leur racine et en opérant des croisements entres les versets du coran qui en précise le sens : Soit lorsque le coran use textuellement et exactement des mêmes mots ; soit en procurant des indications informatives par l’usage de mots de la même racine.
Cette démarche est d’ailleurs ce que semble nous indiquer le verset suivant :
4:82 – Pourquoi n’analysent-ils pas le Coran jusque dans sa racine? Et ainsi, s’il provenait d’un autre que Dieu, assurément il y aurait trouvé en lui beaucoup de contradictions.
Le verbe « itadabara » traduit souvent par « méditer en profondeur » vient de « dabara » qui signifie entre autre « racine« . Nous pouvons prendre cela comme une invitation à étudier chaque « Ayah » à la racine (jusqu’à sa source) et donc nous intéresser à l’étymologie générée par l’assemblage des lettres qui composent les versets du Coran. C’est ce que nous ferons peu à peu dans les prochains chapitres.
(à suivre … InchAllah)
4 réponses à Ayah : les versets / symboles du Coran – Etude sur le vocabulaire et son impact.