Dans mon précédent article je vous ai, entre autres, manifesté mon exaspération envers notre « Pseudo-communauté ». En ajoutant que le terme « oummah » traduit généralement par « communauté » avait été autant déformé que le mot « mouslim ». Que diriez-vous de nous plonger dans l’étude de la racine de ce mot « amama » pour comprendre les fondements étymologiques de tous les termes qui en découlent? Tel l’Imam (guide spirituel), ou encore le « oumiy » (traduit souvent par illettré), ou simplement « oum » (la mère).
Comme pour la racine « salama » (préservation & amélioration) et le mot « mouslim » (musulman), commençons par regarder les différents mots issus de cette racine :
أَمَّ : se diriger vers
أَمَّمَ تأْميمًا : nationaliser
أُمّ ـ أُمَّات ـ وأُمَّهات : mère
أُمة ج أُمَم : peuple, nation
أُمي : ignorant, illéttré, quelqu’un qui n’a pas d’écriture sainte qui lui est propre.
إمام : imam, chef, guide
أَمام : devant
Intéressant! Mais de nouveau, quelle relation peut-il y avoir entre tous ces termes?
Entre « oum » la mère, « oumah » la communauté et « oumam » la nationalité, on peut déceler un point commun qui est « l’origine commune » ou « le point commun ». On pourrait étendre à « imam » le guide spirituel, qui pourrait être défini comme la base commune de pensée d’un groupe de gens. Jusqu’ici tout va bien d’autant plus que l’étymologie latine « munia » du mot « communauté » renvoi aux relations « entre individus » et que le finois « muna » signifie « oeuf » et donc pourrait renvoyer à l’origine commune aussi. Tel le système cellulaire qui donnerait par multiplication d’une cellule initiale une communauté de cellule ayant la même origine.
Ok, c’est intéressant tout ça, mais quel rapport pourrait-on alors faire avec « amam » (le devant) ou encore « oumiy » (l’illettrisme & le paganisme) ?
Cela nous invite donc à regarder cela du point de vue de « la base commune » plutôt que de « l’origine commune ». Et en terme de comparaison étymologique en langue française on y trouve notre compte puisque le mot « base » vient du grec « basis » qui signifie à l’origine « marche » puis par extension « ce qui sert à marcher ou à avancer » et donc en définitive, l’élément qui sert à tenir debout : la base.
Ici on voit se profiler un rapport direct avec « amam » (le devant), qui est le lieu où l’on se rend en avançant, en marchant. Reste plus qu’a faire le lien avec le dernier élément qui est « oumiy » qui pourrait signifier « quelqu’un qui n’a pas de base ». C’est d’autant plus intéressant que beaucoup de linguiste prétendent que « oumiy » vient de la racine « AamaYa » et non pas de la racine « AaMaMa ». Hors, si l’on suit la règle des etymons arabe, il s’avère que la consonne « ya » lorsqu’elle apparaît dans une racine a tendance à rendre négatif l’étymon de base ou en faire un antonyme. Et donc si la racine « AmMa(Ma) » signifierait « base », alors « AaMa(Ya) » signifierai le contraire et voudrait signifier « qui n’a pas de base ».
Un verset fort connu nous paraîtra plus clair et confortera cette pensée. En effet, le verset 3:7 évoque « oumou lkitab » que l’on peut traduire du coup par « la base du Livre » :
3:7 – Il est celui qui a fait descendre sur toi L’Écriture (Sainte) qui a en elle des signes directement clairs, ils sont la base du Livre (Saint), et d’autres (qui sont) équivoques…
Compte tenu de ces données, nous pourrions faire ressortir les concordances suivantes :
أَمَّ : marcher, se diriger vers –> résultat de l’usage de la base (pieds).
أَمَّمَ تأْميمًا : nationaliser –> définir une base commune.
أُمّ ـ أُمَّات ـ وأُمَّهات : mère –> la base commune héréditaire.
أُمة ج أُمَم : peuple, nation –> un regroupement sur une même base.
أُمي : ignorant, illettré, quelqu’un qui n’a pas d’écriture sainte qui lui est propre. –> quelqu’un qui n’a pas de base.
إمام : imam, chef, guide –> base de référence commune de pensée.
أَمام : devant –> là où nous mène la base (pieds).
Comme on le voit ici, nous ne pouvons considérer comme « oumah » que des gens qui partagent une base commune et en commun accord. C’est ce que suggère ce verset :
11:118 – Et si ton Maître avait voulu, il aurait fait des humains un regroupement sur une même base unique. Or, ils ne cesseront d’être en désaccord.
Et pour revenir à la définition de « mouslim » abordée au précédent article, une communauté de « mouslim » signifierait « une communauté s’étant accordé sur une base commune qui est d’être des gens qui améliore leur environement ». D’où l’importance de définir le terme « mouslim » pour savoir de quoi l’on parle lorsque l’on parle de « communauté de mouslim ».
De nouveau, la définition de « oumah » musulmane la plus communément admise n’est pas forcément en phase avec le Coran, qui de son côté définit la base commune de la « oumah » comme étant le fait « d’ordonner le convenable et réprouver le blâmable »( 3:104 , 3:110 , …) , aussi d’être « juste et impartiale » (2:143)…
On pourrait toutefois évoquer le verset 10:47 comme définissant la base de la « Oumah » comme étant le fait de résulter d’un même messager, mais c’est plus précis que cela :
10:47 – Et à chaque regroupement sur une même base, un messager. Alors, lorsque vint leur messager ils prirent des décisions entre eux avec équité et ils ne furent point lésés.
On peut donc aussi considérer en relisant bien le verset que le messager, et donc le message (puisque le messager n’est plus des nôtres et en l’occurrence pour nous il s’agit du Coran) , constitue la base de référence avec laquelle les décisions doivent être prise et dont on nous garanti que nul ne sera lésé en faisant cela. Le verset 3:20 souligne d’ailleurs le rattachement du livre comme base en usant du terme « oumiy » qui sous entend « qui n’ont pas de livre comme base » :
3:20 – Et puis si ils argumentent avec toi, alors dis : « J’ai amélioré ma personne pour Dieu ainsi que ceux qui me suivent. » Et proclame à ceux à qui il a été donné L’Écriture (Sainte) ainsi qu’à ceux qui n’ont pas de base (oumiy) : « Vous améliorerez-vous ? » Alors si ils s’améliorent, alors assurément ils sont guidés! Et si ils se détournent alors effectivement il t’incombe la transmission de l’information. Ensuite Dieu est Voyant de tous les gens.
Et cette « oumah » serait d’ailleurs une branche d’une « oumah » plus générale dont la base globale serait le Monthéisme :
16:36 – Nous avons envoyé un messager à chaque regroupement sur une même base, en leur disant, « Vous devrez adorer DIEU, et éviterez l’association d’idoles. » Par la suite, certains ont été guidés par DIEU, tandis que d’autres ont été engagés vers l’égarement. Parcourez la terre et remarquez les conséquences pour les détracteurs.
Donc même si nous considérions notre « Oumah » comme un regroupement ayant pour base le coran, nous devrions aussi considérer de manière plus globale que notre « oumah » fait partie d’une oumah plus globale dont la référence serait le monothéisme d’Abraham :
16:120 – Effectivement, Abraham était un regroupement sur une même base (une Oumma), résigné pour Dieu, un monothéiste qui jamais ne fut de parmi les associateurs d’idole.
Et aussi comme dit précédemment, avec comme point commun l’ordonnance de la bienfaisance et l’opposition à la malfaisance, qui devrait être le point de convergence sur lequel se focaliser :
3 : 104 – Et afin qu’il y ait parmi vous un regroupement sur une même base qui invitent vers le bien et enjoignent à la bienveillance et ils s’opposent envers l’inconvenable, et ce sont eux les gagnants.
3 : 110 – Vous êtes le meilleur regroupement sur une même base ressorti pour les gens : vous ordonnez le convenable et vous vous opposez envers l’inconvenable, et vous êtes confiants en Dieu. Et si les adeptes de l’Écriture (Sainte) étaient confiants, assurément ça serait mieux pour eux. Parmi eux il y a des confiants, mais la plupart d’entre eux sont des pernicieux.
Comme si cela ne suffisait pas, Dieu nous a exposé une sourate toute entière titrée « les prophètes » en résumant l’histoire et l’affiliation des croyants allant de Noé jusqu’à Mohamed et en terminant par souligner qu’il s’agit là d’une seule communauté unifiée et qu’il ne faut pas la diviser. Mais le comportement de ceux que l’on nomme communément « musulmans », qui devraient pourtant agir comme les exemples de cohésion, est tout autre. Et ils n’ont de cesse de ressasser des différences de pratique et de se distinguer volontairement des adeptes des autres prophètes.
21:92 & 93 – Certes, votre regroupement sur une même base est un regroupement sur une même base unique, et Moi seul suis votre Seigneur ; Servez-Moi donc. Cependant, ils se sont divisés. Leur sort nous appartient ; il nous reviendrons tous.
Nous devrions donc nous unir sur la base du monothéisme et la bienfaisance. Mais il n’en est malheureusement pas ainsi! Aujourd’hui la pseudo-oumah en est réduite à un regroupement ethnique qui tolère en son sein les spires crapules. Certains pseudo-Imams hésitent même parfois à dénoncer ces crapules, qu’ils soient dealers ou autres terroristes. Et vont même jusqu’à soutenir l’appartenance potentielle de ces crapules à la « oumah » au nom du lien de sang, ou du lien de « profession de foi », ou de je ne sais quelle autre absurdité sans nom… j’ai vu jouer cela tellement de fois dans les mosquées de quartiers que s’en en est exaspérant!
Mais sans aller jusqu’à ces extrêmes, si je m’offusquait au précédent article de la pseudo-communauté, c’est parce que je n’ai de cesse de constater presque quotidiennement des comportements odieux, hautains et irrespectueux de gens amalgamés au terme « musulman » et comme faisant partie de la « Oumah ». Certains juste parce-qu’ils sont arabisant. D’autre parce qu’ils affichent de grandes barbes et un Qamiss, et c’est là que les fausses définitions pourtant majoritairement admises que j’énonçais au précédent article nous font défaut et nous jouent des tours.
Dites-moi donc où est dans la « oumah » actuelle, le souci de d’amélioration, de perfectionnement, d’harmonisation, de pacifisme et de préservation qui sont suggérés par les termes « mouslim » comme évoqué précédement?
Où est donc cette base commune de bienfaisance que l’on devrait voir fleurir à tout va dans la oumah au point que lorsque l’on aperçoit un musulman se pointer au large on se dise « super les choses vont aller mieux » au lieu de « malheur à nous il en arrive un » ?
Bon suffit de tergiverser, à chacun de faire son travail sur soi en cessant de blâmer autrui, car de toute façon on y est jusqu’au cou. Et il ne nous reste plus qu’à faire du mieux que l’on peut chacun à notre échelle, en toute modestie.
J’aurais encore tant à dire sur le sujet, mais cet article est suffisamment long.
Je vous laisse donc de nouveau avec ci-dessous quelques essais de traduction de versets comportant des mots de la racine étudiée dans le présent article. Espérant que cet article vous ai apporté quelque chose.
Passez une agréable journée ou soirée.
2:78 – Et parmi eux il y a ceux qui n’ont pas de base, qui nullement ne connaissent L’Écriture (Sainte) si ce n’est une ambition. Et en fait, ils émettent seulement des hypothèses.
2:124 – Et lorsque fût éprouvé Abraham par son Seigneur avec des paroles et qu’il les exécuta, Il dit : « En effet, je fais de toi, envers les gens, une base de référence! ». Il demanda : « Et parmi mes descendants? ». Il répondit : « Mon engagement ne concerne aucunement les fautifs! »
2:128 – Notre Seigneur et fais de nous deux des perfecteurs pour toi, et de parmi nos descendants un regroupement sur une même base de perfectionnement pour toi. Et montres nous notre manière de nous consacrer à la piété et amènes à résipiscence sur nous. C’est toi L’Agréant du Repentir, le Plus Miséricordieux.
5:48 – Puis nous t’avons révélé le livre avec l’exactitude certifiant de ce qui (était) entre tes mains provenant de L’Écriture (Sainte) et ayant autorité sur cela. Alors, statue donc entre eux avec ce qu’a révélé Dieu et nullement ne suis leurs désirs concernant ce qui t’est parvenu de la vérité. Pour chacun, nous avons fait en votre sein une législation et une méthode pratique. Et si Dieu l’avait voulut, il aurait assurément fait de vous un regroupement sur une même base unique. Mais cependant Il vous met ainsi à l’épreuve au travers de ce qu’ il vous a attribué. Alors, rivalisez donc en qualités préférables. Vers Dieu (est) votre ultime retour à tous & toutes. Puis Il vous informera de ce dont vous étiez en contestation.
6:38 – Nulle bête marchant sur terre, nul oiseau volant de ses ailes, qui ne soit comme vous en regroupement sur une même base. Nous n’avons rien omis d’écrire dans le Livre. Puis, c’est vers leur Seigneur qu’ils seront ramenés.
6:92 – Et aussi cette Écriture nous l’avons révélée, renforcée et bénie. Authentifiant de ce qui était avant elle, et afin que tu avertisses la base de référence des villes et quiconque autour d’elle. Ainsi que ceux qui sont confiant avec l’Au-delà, et sont en confiance avec cela, et qui sont préservateurs envers leurs prières de contact (salat).
7:157 – Ceux qui suivent le Messager, le Prophète qui n’avait pas de base de référence, celui là même qu’ils trouvent inscrit auprès d’eux dans La Torah et l’Évangile. Il leur recommande avec la manière appropriée et les dissuade envers l’inconvenable, et il légitime pour eux les bonnes choses et il prohibe sur eux le détestable. Et il soulage d’eux leur fardeau et les entraves qui sont sur eux. Alors ceux qui sont en confiance avec lui, et l’honorent et lui prêtent assistance, en suivant la source d’éclaircissement qui a été révélée avec lui, ce sont ceux-là qui sont les bénéficiaires.
7:181 – Et parmi ceux que nous avons créé, il y a un regroupement sur une même base qui guide avec la réalité effective et par ce biais ils agissent avec justice.
43:22 & 23 – Mais ils dirent plutôt : « Nous avons trouvé nos parents en regroupement sur une même base, et nous suivons leurs pas. » – Et c’est ainsi que jamais Nous n’avons envoyé avant toi d’avertisseur en une cité sans que ses gens aisés n’aient dit : « Nous avons trouvé nos ancêtres en regroupement sur une même base et nous suivons leurs traces ».
3:75 – Et parmi les gens du Livre, il y en a qui, si tu lui confies un qintar, te le rend. Mais il y en a aussi qui, si tu lui confies un dinar, ne te le rendra que si tu l’y contrains sans relâche. Tout cela parce qu’ils se disent: « Nullement nous n’avons d’obligation envers ceux qui n’ont pas de base commune avec nous. » Ils profèrent des mensonges contre Dieu alors qu’ils savent.
62 : 2 – Il est celui qui a délégué sur ceux qui n’ont pas de base un Messager de parmi eux qui récite sur eux ses révélations, et les purifie, et leur enseigne l’Écriture (Sainte) et la Sagesse. Et certes, ils étaient auparavant effectivement dans un égarement manifeste.
2 réponses à Amama – La base / la communauté.